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mercredi 1 décembre 2010

Jour 46 - 01/08/10

Quinzaine idyllique.

J’ai achevé mon premier croquis de l’armure une petite heure après ma dernière entrée dans ce journal.
L’armure a atteint un nouveau degré de réalité et, simultanément, un nouveau degré d’indépendance.
Elle existe en dehors de moi.
Je n’ai pas avancé d’un pouce depuis. Je savoure.
Je suis officiellement en train de créer.

C’est un état fascinant dans lequel le temps n’a plus cours :
Un jour, j’ai dessiné une armure sur un bout de papier.
Un jour suivant, dans un futur certain, une armure sera.
L’intervalle entre ces deux jours est, du point de vue de l’Histoire, parfaitement anecdotique.
C’est une période de repos absolu. La longue extase de la flèche en vol.

Plus j’y réfléchis, et plus l’image m’apparait pertinente.
Lorsque je travaille, je ne tergiverse jamais. Je fonce tout droit.
Devant ma feuille de papier, j’ai dessiné d’un jet l’armure que j’avais en tête.
Plus tard, je couperai le bois, l’assemblerai, le peindrai et l’agrémenterai de divers ajouts et accessoires sans plus d’hésitations. Mon âme créatrice peut aller faire la sieste en toute tranquillité.
Toutes ces étapes ont été effectuées à l’instant où j’ai saisi mon crayon. A l’instant où l’archer – un sursaut de ma volonté de construire une armure – a laissé la corde lui échapper.

Attention !
Loin de moi l’idée de vouloir faire croire que l’armure physique sera précisément celle de mes premières pensées. Je suis absolument dépourvu de talent en projection mentale.
A quoi ressemblera le résultat final ? Je n’en sais strictement rien !
C’est ce qui rend cette période si merveilleusement réjouissante : non seulement je navigue en automatique mais, de surcroit, je découvre le paysage à mesure que je le traverse.
J’ai été décoché. Cheveux au vent, sourire aux lèvres, je fends les airs à une vitesse vertigineuse – inexplicablement constante – pour un temps indéfini.
Bientôt, le monde m’arrêtera mais quand, où et à l’aide de quoi ? Comment savoir ? Cela dépend du bois dont je suis constitué, du vent et de mille autres éléments sur lesquels je n’ai aucune influence.
La cible – l’armure – n’est qu’un point flou vaguement deviné au loin.
Elle n'en est pas moins mon inévitable destination.

Non, rien à faire.
La qualité des casse-croûtes pendant le trajet … Voilà toute l’étendue de ce dont j'ai à me soucier.

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