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mardi 8 mars 2011

Jour 171 - 01/12/10

Le soleil.
Encore, et encore, et encore. Une source d’inspiration et de bien-être inépuisable.
Je me demande parfois si les humains auraient développé une conscience à ce point manichéenne sur une planète ne connaissant pas la nuit.

Tout à mon projet de ne faire rien, je suis rentré à Paris quelques jours. Amaterasu n’a de toute façon pas vraiment besoin de mon concours pour se développer.
Je marche, regarde un peu autour de moi, mange, m’essaye fébrilement à inspirer une bouffée de cet air doucement pollué, tousse et observe mes environs derechef.
Mon monde est peuplé de matériaux, de formes immobiles et de couleurs. Le mouvement parisien, exception faite des remous verdoyants de la Seine, est laid. Désagréable même.
Bref, à ignorer.

J’étais au Louvre. Absorbé dans la contemplation des pavés de la cour principale.
Fasciné par la douceur et la chaleur avec lesquelles les rayons du soleil venaient effleurer la pierre.
Quand cette vision m’a envahi.
J’étais devenu un jeune garçon un peu simplet, accroupi confortablement à l’un des angles de la place. Les talons à terre, les coudes sur les genoux, les yeux grands ouverts. Le soleil me chauffant le dos. Je tendais un doigt et touchais le pavé le plus proche de moi en émettant un calme et joyeux « Ha ».
Et le monde était changé par ce geste.
Mais tout à ma tâche, je repliais insouciamment mon bras, avançais d’un pas minuscule mes deux pieds et m’en allais à la rencontre d’un deuxième pavé, puis d’un troisième.
Peu importe le temps que cela prendrait, la place entière devait y passer.

La première pensée que cette scène m’inspira fut celle-ci : « Cela fait bien longtemps que je n’avais pas songé à un meilleur objectif de vie ». Etablir un contact avec toutes les pierres d’une esplanade, d’une ville, du monde. Avec la tranquille magnificence minérale de la Terre.

Et bien sûr, aussi, faire preuve de détermination.
Ces éclats multicolores que mon jeune alter ego faisait inconsciemment naître autour de lui.
C’était, je crois, sa détermination.

Pourtant, au lieu d’enlever mon manteau et de me mettre immédiatement à la tâche, j’ai repris ma marche et suis rentré chez moi pour l’écrire …
Je suis pourtant presque certain que ma nature profonde est plus dans le toucher que dans la retranscription. Mais il y a cette barrière. Le civilisé, le sensé, l’habitude.
L’Ennemi.


J'ai bel et bien perdu cette fois-ci.
Mais j’ai enfin identifié une occasion où j’aurais du laisser ma sauvagerie parler.
Je peux sortir de ma torpeur régénératrice. Commencer à construire mon être humain.
Passer à la deuxième étape.
Parole de moi, je ne manquerai pas la prochaine occasion.
Je suis à l'affût.
 
P.S. Je consigne ici des images de l‘armure afin de pouvoir mesurer plus tard mes avancées.