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vendredi 10 décembre 2010

Jour 136 - 27/10/10

Je n’ai aucune envie d’écrire aujourd’hui.
La maison dort. La nature autour est immobile. Je regarde le plafond depuis le canapé.
Tout va bien.

Je suis revenu lundi à la campagne. Seul, cette fois.
J’ai presque terminé mon armure.
La partie menuiserie, en tout cas. Je dois encore confectionner les gants.
Restera ensuite la peinture ; une tâche longue et ardue.
Et enfin, un peu de maniement du textile, dont je ne connais rien.

En attendant, ma journée est finie et je reste là, joyeusement épuisé, une bière à la main, à regarder les feuilles tomber. Il fait encore relativement doux. J’irai sans doute après diner faire une courte promenade pieds nus dans la forêt. Il me plait de croire que ce genre de pratique aide à conserver le peu de sauvagerie que notre vernis civilisé n’a pas encore tout à fait étouffé.
La nudité permet d’améliorer l’exercice. On se sent vulnérable, nu au milieu des épines, des animaux sauvages et des froides bourrasques. Mais de là nait une forme de défiance, de fierté, à se réclamer nous aussi forces de la nature qui est, je crois, la base même de la sauvagerie moderne.
Et, un pas derrière, d’une puissance inouïe.

Bière et sauvagerie sont-ils compatibles ?
Sans le moindre doute.

J’ai envie de parler de l’armure, un peu.
Je dois sans tarder lui trouver un nom. Toute bonne armure doit pouvoir être nommée.
"Qu’on m’apporte Géraldine !", tonnait royalement Louis XIII ! Et quel panache avait-il alors !
Mais j’aimerais d’abord l’avoir vue complète. Afin de pouvoir faire un choix avisé.

Je sais déjà ceci.
Elle sera indéniablement asiatique.
Elle sera aussi terrifiante. Une bonne armure doit par sa seule apparition faire s’évanouir les moins valeureux des ennemis.
Et elle sera harmonieuse. Offensive et défensive. Noire et blanche, constellée d’une touche de sang, de flammes et d’ire.
Universelle.

Une divinité du bouddhisme ou du shintoïsme peut-être ?
Amaterasu, déesse du soleil ?
Un bien joli nom pour une armure ...
Ah ! Non !
Diablerie !
Trop tard pour attendre qu’elle soit complète désormais.
L’armure est Amaterasu. Ce n'est plus de mon ressort.
Comme souvent dans ce genre de cas, cela coule de source après coup au point de sembler prédestiné.
Ce soleil aux rayons ardents – symbole du Japon – que j’ai dessiné sur le dos de mon armure voilà maintenant plusieurs mois ! C’est elle.

Amaterasu. Amaterasu. Amaterasu.
Fille issue de l’œil gauche de l’héroïque Izanagi.
Régente des cieux. Mère de la lignée impériale.

Amaterasu l’inévitable.

Pour mériter une telle protection, il me va falloir récupérer pureté et vertu …
Et comment mieux y parvenir qu’en refermant tout de suite ce journal pour aller affirmer dehors ma nature essentielle ?

P.S. Je consigne ici des images de l’armure afin de pouvoir mesurer plus tard mes avancées.


1 commentaire:

  1. J'espère qu'elle et toi ne disparaîtrez pas trop longtemps (même pas du tout) dans Amano-Iwato... Vous manqueriez !! Mais avec l'aide de Kusanagi no tsurugi, vous vous en sortirez, je n'en doute pas. Nous avons bien besoin de la lumière de ton soleil. Bisous, tatata

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