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jeudi 2 décembre 2010

Jour 73 - 28/08/10

J’ai commencé à parler de l’armure autour de moi. Lorsqu’on s’enquiert de mes projets, j’avoue désormais m’être mis dans le crâne d’en construire une. C’est une déformation de la réalité à fin pratique : expliquer à chaque interlocuteur qu’à ce stade, ne rien faire et clouer des planches entre elles revient métaphysiquement au même serait une tâche éreintante. Et, à bien y regarder, affreusement mesquine.

Les gens s’étonnent.

Mes projets provoquent souvent de telles réactions, et il y a quelque chose dans ce phénomène que je ne comprends pas : pourquoi mes activités ont-elles tant besoin d’être expliquées ? Quel est ce sens que mes semblables voient immédiatement dans leurs actions et qui échappe aux miennes ?

J’ai le souvenir d’une scène récente qui éclairera peut-être mon inconfort dans ces situations.
Je possède deux cottes de maille. J’ai acheté la première d’entre-elles il y a plus de 5 ans, et j’ai depuis pris l’habitude de les porter le week-end. Je grimpe à mes arbres préférés, vais couper du bois, mange l’apéro et fais de l’exercice avec. C’est beaucoup plus agréable qu’on ne pourrait croire. On a la sensation d’être plus lourd, plus ancré, mieux relié au sol. Etrangement plus agile.
J’expliquais ceci à un invité de mes parents qui, me voyant marcher de ci de là en cotte de maille, m’avait posé cette étrange question : « Pourquoi ? ».
Un sourcil haussé et le sourire poliment goguenard, il me regardait maintenant comme si j’étais un doux dingue, un insensé. Et je crois bien que c’est définitivement ainsi qu’il me verra désormais.
Je laisse filer aujourd’hui, mais cet air là m’a longtemps fait enrager.
J’aimerais un jour demander à l’un de ces individus quelle finalité supérieure, quelle qualité rare, son squash hebdomadaire a que mes batifolages alourdis n’ont pas.

C’est ce « Pourquoi ? » !
Quelle différence profonde de sens y-a-t’il entre la construction d’une armure, et l’échafaudage d’une présentation PowerPoint ?
Evidemment que ça ne rime à rien ! Bons dieux !
Mais, monsieur, votre partie de golf, votre AUDI, votre verre de vin rouge, cet article dont vous êtes si content sur les dangers de la bulle spéculative en Thaïlande dans les années 90, votre vie entière ! Les dédaignez-vous pareillement ?
Non, bien sûr. Vous n’avez aucune raison de dédaigner vos chères distractions.
Se distraire, c’est ce que notre espèce fait de mieux.
Pour un peu, on pourrait presque en être fier ! L'humanité, espèce clown.

Ha … Je suis irritable aujourd’hui.
La chaleur, sans doute.
Enfin, une petite dose de rage, ça met toujours du baume au cœur !
Mais surtout, on ne m’enlèvera pas de l’idée que le monde se porterait sans doute plutôt mieux si les hommes apprenaient à accepter le vide.
Le leur comme le mien.

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