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mercredi 8 décembre 2010

Jour 126 - 17/10/10

Je n’ai finalement pu acheter mes planches de bois – du contre-plaqué – qu’aujourd’hui. J’y suis allé avec un ami qui, séduit par l’idée, a décidé de lui aussi construire une armure.

Je devrais me réjouir à l’idée d’avoir trouvé mon adversaire, mais la vérité est qu’une étrange mélancolie m’habite tenacement depuis quelques jours et que j’éprouve la plus grande difficulté à former des pensées joyeuses.
Sans doute est-ce dû à ce retard …
Diverses affaires que je n’avais su ou voulu prendre en compte dans mes plans m’ont résolument retenu en ville ces vingt derniers jours.
En soi, bien sûr, cela n’a rien d’important. Je ne suis pas de ceux qui, devant une tâche importante, considèrent comme vital un départ brillant. L’effort est un phénomène qu’on peut accentuer, je crois, à tout moment.
Seulement, je vois à présent que ma tranquillité ne pourra être acquise qu’au prix d’un combat quasi-perpétuel.
Qu’elle n’est pas chose naturelle. Du moins, pas pour le moment.
Et cela m’emplit d’un sentiment de tristesse si profond que même l’enrôlement d’un compagnon pour mon aventure ne parvient à m’en sortir tout à fait.

Je ne sais comment retranscrire fidèlement mon état d’esprit.
Je n’ai jamais pensé que cette période de ma vie serait idyllique, ou d’une facilité déconcertante, ou d’une tiède et productive paresse. Mais j’ai tant donné de moi ces dernières années – sans souffrance véritable ni coercition extérieure certes mais tout de même –  que je pensais m’être d’une certaine façon acheté le droit de me concentrer sérieusement.
Pas indéfiniment, non. Un an peut-être. Six mois ? Un moment, simplement.
Le droit de pouvoir abandonner mes défenses, mes peurs, mes liens, tout. Pour pouvoir me consacrer intégralement, et en toute innocence, à ce qui a le potentiel de me faire vibrer durablement.
Je découvre que cette innocence n’existe pas. Ce temps qui semblait se tenir à ma disposition, il me faut l’acheter. Chaque instant doit être utilisé exactement à bon escient. Sous peine de décevoir, d'agacer, de blesser, d’inquiéter. De sombrer dans le nuisible.

Cela tombe sous le sens, vraiment. C'est précisément la vie.
L’écrire me fait du bien.
Je connais en fait cette structure depuis une éternité. C’est elle, l’ennemi que je combats. Cette … précision.
Haa … Dieu merci ! Mes forces s’en reviennent ! Quel pouvoir réside dans les mots !
Des barrières, des obligations, des sables mouvants, bien sûr qu’il y en a.
Et c’est mon rôle que de les reléguer au rang de contrariétés négligeables.
Ce qu’elles sont, aux yeux de ma chère et indispensable métaphysique.

A moi donc d’être un démon. Si c’est ce que ma détermination fait de moi.
Je laisse à Victor le soin de gérer mes doutes et regrets.

Nous partons tout à l'heure à la campagne pour la semaine.
L'air pur, le travail physique et l’activité créatrice auront, j’espère, tôt fait de dissiper les derniers nuages que je ressens encore ça et là.

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