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lundi 13 décembre 2010

Jour 141 - 01/11/10

J’ai une foultitude d’idées imprécises en tête.
Et la responsabilité, je crois, en incombe au dessin.

J’ai fini mes gants hier soir. L’étape menuiserie est donc intégralement achevée.
Je suis naturellement passé ce matin à l’étape suivante : l’adaptation de mes esquisses à l’échelle de l’armure, la jeune Amaterasu.
Le processus en soi est particulièrement agréable. La sensation de la pointe de carbone caressant les aspérités naturelles de l’écorce, les courbes élégantes que mains et poignets forment et parcourent, l’apparition progressive, rythmée, inarrêtable … maritime – en définitive – du motif.
Tout cela est hautement enivrant.

Mais mon esprit, lui, est soumis à un étrange exercice.
Ne faisant que recopier un vieux croquis grandeur nature, je n’ai la plupart du temps pas besoin d’être concentré.
Je laisse alors mes pensées courir une pâle et humide campagne – je suis depuis peu d’humeur résolument Lovecraftienne.
Cependant, certaines portions de l’armure demandent un peu plus d’attention et, sans que j’en aie entièrement conscience, mon monde onirique du moment s’efface pour laisser l’activité physique trôner à sa place.
Quand revient l’heure de rêver, c’est toujours une nouvelle fantaisie qui vient m’habiter.

Il fait maintenant nuit noire. J’ai bien travaillé.
Il va bientôt être l’heure d’aller se plonger dans l’univers d’un autre que moi.
J’ai pour habitude avant de m’autoriser ce plaisir facile de revenir un instant sur les pistes que j’ai pu explorer dans la journée. Des idées sur les règles que j’aimerais voir charpenter mon environnement. Ou que je constate inévitables.
Les lois, précisément, encadrant ce que je veux, peux ou dois créer.
Je les écris parfois ici.

Aujourd’hui, pourtant, j’ai un mal fou à identifier la moindre pensée un tant soit peu aboutie.
J’ai passé la journée à amorcer des réflexions alléchantes que j’ai délaissées à peine quelques minutes plus tard.
Je me souviens m’être interrogé sur la notion d’appartenance. Un sentiment dont la nécessité m’échappe largement.
Puis d’être parti faire une longue promenade dans les landes émeraude et anthracite d’Ecosse.
D’avoir ensuite songé à la personnification de l’Invincibilité – un personnage que j’ai déjà mis en scène dans une nouvelle intitulée L’intempérance partagée et que j’aimerais retrouver bientôt.
Et enfin, d’avoir considéré à quel point l’habit pouvait influencer le moine, s’il ne le faisait pas.

Il existe forcément un lien entre toutes ces pensées. Tout est lié.
C’est une vérité à laquelle il est impossible de se soustraire.
Où qu’ils aillent, ces fils neuronaux ont une seule et même origine.
Je peux même dire laquelle, je la perçois : c’est Amaterasu.
Mais ce soir, pour une raison que j’ignore, le liant matriciel refuse l’explicitation.
Et me voilà réduit à poser des énigmes.

Le sommeil et les sombres légendes qui l’accompagnent m’aideront peut-être à donner forme à ce vivant brouillard.

P.S. Je consigne ici des images de l’armure afin de pouvoir mesurer plus tard mes avancées.


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